Après vous avoir présentée mon amour dépendance, il me semblait logique de vous introduire ma vieille amie crise d’angoisse. Or je me suis refusée de le titrer ainsi et j’ai bien hésité à vous la présenter car crise d’angoisse c’est plutôt cette pote misérable qui vous retendra un verre alors que vous êtes déjà complètement beurré.
Honnêtement cela faisait bien quelques années que je ne l’avais pas vu. Elle est revenue dans ma vie il y a de ça deux trois mois, toute fière d’elle, plus forte que jamais. Avec l’âge elle avait accumulé de l’expérience ; si bien que son retour m’a mit K.O. Je n’ai jamais éprouvé le besoin de lire à ce sujet, non que les récits des autres ne m’intéressaient pas, mais j’avais déjà bien à faire, et ma propre expérience résonnait comme la seule valable à mes ressentis.
Comment décrire ce genre de chose ? N’est ce pas la même chose d’une personne à l’autre ? Y a t-il même des gens que ça intéressent ? Aucune idée. La seule chose que je sais en revanche, c’est qu’écrire à toujours aider à calmer les maux (gardez-vous ça en tête, ça vaut pour tous). Je vous partage ici, dans cette article pour une fois assez court, ma description de l’angoisse.
Crise d’angoisse n’est pas du genre à toquer à la porte. Elle défonce les gongs, elle n’attend pas que tu rétorques.
A l’aise dans ton salon elle accapare ton confort ; doucement ardemment elle te soumet sans grand effort.
Recroquevillé, les yeux vitreux, tu ne sais plus où aller. J’aimerai me sentir un peu mieux, avoir un coin pour exister.
Dans mon cas quand elle arrive, mon corps se fait tout petit, trouve même un coin tranquille, et là je sais qu’on est parti.
Je me fonds au sol, furtif regard autour de moi. La lueur, un espoir, de fuir dans l’émoi.
Car la crise ne se contente pas d’accaparer ton espace, elle te prend ton air pure et rapidement t’efface.
Elle te mure dans la honte, car tu ne te débats pas. Tes vieilles écorchures soudain clouées au pugilat.
Au delà du silence, le son de ton souffle coupé. Voilà ta pénitence, tous tes sens sont affolés.
Une montée en puissance que rien ne peut arrêter. Si quelqu’un te voit dans ta transe, ça te tuerai de t’expliquer.
‘Mais qu’est ce que je fous là?’ la question se fond dans un murmure. Tu penses à cette personne qui toujours te rassures :
‘les gens qui font des crises, suffit juste de respirer, faut arrêter le cinéma, j’te jure y en a ils savent pas gérer’.
T’essayes de te calmer, mais une pensée et ça repart. ‘Pitié que quelqu’un vienne avant que je me fasse du mal’.
Tu te grattes jusqu’au sang, les cuisses bien amochées. C’est comme ça que tu réussis tant bien que mal à canaliser.
Tu sais que ce n’est pas la solution, tu aimerais bien un peu d’aide. Mais comment avouer ce merdier, ta fierté ne cesse de te faire taire.
Avec encore un semblant d’espoir, tes dernières forces et ton courage, tu te dis ‘y a pire que moi, maintenant faut tourner la page’.
Voilà toutes ces peurs refoulées qui implosent avec le temps, et te revoilà recroqueviller, angoisse ma belle revient souvent.
Comme une vieille habitude tranquille, tu t’écorches encore les cuisses. Jusqu’au jour plausible, quelqu’un comprendra ton supplice.
Une personne qui te sauvera, du moins pour cette fois. Tu te regardes avec pitié ‘plus jamais je refais ça’.
Pour aller mieux
Ma mère avait pour habitude de me préparer un litre de tisane de romarin contre la sensation de poids dans la poitrine. Concrètement ce qui personnellement m’aide pendant les crises, c’est de me répéter que non je ne deviens pas folle, de prendre le contre-pieds de toutes pensées et de les transposer en pensées positives et rassurantes. Je pense à un endroit où j’aimerai être. Je n’y arrive qu’après la première vague. Je me dis qu’un corps en panique cherche juste à expulser un trop plus. Alors je laisse faire.
Une fois vidé vient le temps de le calmer. Calmer sa respiration. Se rassurer avec tendresse. Essayer de comprendre ce qui est en train de se passer. Quel est le déclencheur de mon état ? Quels sensations mon corps m’envoie ? Puis j’essaye de me concentrer sur ce que je vois, ou une musique. Les notes, la basse, les percussions, la mélodie … Je décortique et ce travail aide à m’apaiser. L’anxiété se nourrit de l’énergie qu’on lui porte. Beaucoup vous conseillerons de vous changer les idées, de vous distraire avec des choses que vous aimez… En soi ce n’est pas mauvais ; pourtant je ne suis pas partisane du cacher pour mieux ignorer. Vos angoisses et vos peurs ont énormément à révéler de vous et ils seraient contre-productifs de ne pas y prêter attention. Attention il ne s’agit pas là de constamment entretenir l’angoisse, mais de l’accepter et d’établir son origine. Lâcher prise. Vous êtes un être humain avec ses atouts et ses faiblesses. Vous n’êtes pas invincible. Vous avez le droit de ne pas aller bien. Vous avez le droit de vaciller. Une ou plusieurs fois qu’importe. La seule et unique question à vous posez sérieusement est ‘Mais est ce que je veux aller mieux?’. Ne vous culpabilisez pas. Entamez ce chemin avec vous-même. Prenez le temps qu’il vous faudra. •