Tu sais qu’il y a ces moments de transitions inévitables, que tu attendais, redoutais, voyais venir sans toutefois pouvoir repousser. Peut-être as-tu pu un temps, mais ce qui doit être sera, non par fatalité, mais par nécessité.
Bien sûr que c’est dur. D’aller au delà d’un confort, d’habitudes, de rassurant amour et de disputes dont on connaît chaque mot, chaque réplique. Un jour seulement cela doit s’arrêter, inévitablement car usés jusqu’à la moelle, ces deux corps à bout de souffle, à bout de peine, qui essayent de s’en sortir la tête pleine.
Le cœur a ses raisons et que le cœur est tenace. Il est l’amorce de ce lien karmique qui nous lie. Il voit cet amour qui transparaît et transmute la lumière ainsi que tout ce qui nous fait avancer en communion jusqu’alors. En parallèle le mental a également ses maux à dire, et ceux-ci sont farouches, féroces, si douloureux qu’on ne peut les approcher sans se faire mordre. L’ego protège certes mais l’ego éloigne. L’ego assure notre survie à tout prix. Mais survivre ensemble en ramant chacun à l’opposé rime à voguer vers la mort, la vraie. Le poids des maux.
Mais il y a là du positif, du bon, même s’il déchire le cœur quand la mémoire se le rappelle. Il y a eu le soutien et les contradictions bienfaitrices qui nous ont fait découvrir de nouvelles perspectives. Les douceurs d’affection, les échanges d’énergie qui nous fait ressentir qu’il y a là bien plus que des corps. Il y a deux âmes, deux vibrations, qui au fil du temps, des amours, des passions, des admirations, se sont apprivoisées, ont fusionnés un temps pour le meilleur et le toujours mieux.
La fusion est belle tant qu’elle est saine. L’amour lui est sans limite. Conditionnel, il cause une perte si on s’y fond de trop, jusqu’à s’oublier peut-être, jusqu’à s’étrangler lentement. Chaque tendresse sonnait la fin. On savait. Mais les cœurs s’emballent, le lien karmique est fort. Un rien nous contraignait et tout nous retenait. Le plus beau des cadeaux que l’on puisse se faire est le détachement. La plus belle des preuves d’amour est le soin que l’on s’apportera individuellement.
Le positif est là donc, mais la transition est rude. Guérir ses plaies pour ne pas les transposer à l’Autre. Combler ce vide à l’intérieur sans la présence d’autrui. Trouver sa stabilité pour être son propre pilier. Apprendre de ce lien, de cette rencontre, qui fut loin d’être veine, qui fut grandiose d’échanges et de lumière. Comprendre qu’un lien ne peut être rompu dans l’espace et le temps, car l’énergie ne se définit pas par des conditions matérielles. Elle est toi, moi, nous, les autres. Nous sommes, et de par cela, nous ne serons jamais séparés. Alors les conventions terrestres nous veulent loin mais je sais que tu es là. Et la peine est sévère, le temps est lasse mais tout passera. Car tu es là et ta pensée seule m’aide à avancer.
Souvenirs malfaisants, expériences bénéfiques. Une illusion de solitude dans un océan d’Unité. Nous avancerons sans garder espoir que peut-être nous nous recroiserons. Car l’espoir emprisonne et nous nous voulons libre. En attendant j’aurai grandi, et toi aussi. Qui sait ce qui sera alors. L’intuition crie fort quand on l’écoute. Croire encore et encore que nos âmes savent et dansent, sur la richesse de l’expérience. Osons les suivre sans crainte de ce qui attend au tournant. Toi peut-être, toi sûrement.
Il n’y a pas de séparation, juste des chemins différents.