Facebook et les autres
Un soir, lors d’une énième crise d’angoisse, j’envoie valser le premier objet autour de moi et, comme bien souvent, mon téléphone finit par rencontrer le mur d’en face. Le pauvre a su prendre les précédents coups, mais celui-là sera son dernier. L’écran en mille morceaux reflète ironiquement l’image brisée de moi-même. C’est ainsi que mon fidèle compagnon rendu l’âme, et avec lui des habitudes bien ancrées. La fatalité à devoir consommer de l’électronique de nouveau s’est avéré être une véritable aubaine par la suite.
L’hyper-connexion me prenait tout mon temps (j’en parle plus longtemps dans mon article sur la phobie sociale). Ces notifications incessantes sonnaient comme un appel à me faire liposucer le cerveau, à grands coups de publications calibrées et de messages toujours plus nombreux, toujours plus fréquents. À force d’être constamment stimulée de toute part, j’en ai oublié qu’il y avait moi. Le Moi Individuel et égotique certes mais surtout le Moi en tant qu’Être sensible. Je pensais m’écouter ; en réalité je n’écoutais que mon auto-critique permanente. À la fin vint ce triste constat : je ne me connaissais que très peu. Ou du moins, je n’étais pas mon amie. Cela peut paraître mignard, mais quand est ce que chercher à se comprendre à basculer dans le camp des pleureuses ? A l’heure où vivre la tête dans le guidon est banal et écouter ses émotions un trait de faiblesse, apprendre à se connaître est devenu un effort. On dit Je n’ai pas le temps, je n’ai jamais le temps, je n’ai plus le temps.
Maintenant je réclame mon droit de prendre le temps.
Youtube
YouTube est une plateforme géniale. J’y ai connu les toutes premières vidéos et, avec le temps, la qualité est devenue incroyable. Youtube est tout autant une mine d’informations qu’une vague de divertissements. Chez moi point de télé, je mange devant YouTube. Un documentaire sur la civilisation d’un pays que je n’ai jamais visité, un autre sur la recherche neurologique d’un sujet donné, bref. Je ne me lasse jamais d’apprendre et de découvrir. Après ces vidéos très honorables, vient le divertissement pur. Où, sans me rendre compte, j’ai passé deux bonnes heures à voguer de vidéo en vidéo, de contenu riche à contenu vide, de nutriment cognitif à de la soupe de cerveau. YouTube est une plateforme géniale oui, mais elle peut très vite remplacer votre télé.
Et puis il y a mon autre passe-temps, qui vient justement quand j’ai le temps. Quand mon cerveau n’est pas accaparé par les heures de visionnage. Sur mon étagère, beaucoup de livres me passionnent, et attendent patiemment que je jette un œil à leur mot de la fin. Ma liste d’envie sur les libraires en ligne se compte en centaine d’euros. J’ai l’impression qu’il n’y aurait jamais de toute une vie pour lire toutes ses pépites. Mon nouveau coup de cœur pour les thérapies cognitivo-comportementales et les lectures spirituelles ont eu raison de moi.
Mon nouveau défi : remplacer le temps perdu sur YouTube par un temps lecture. C’est con comme la pluie, mais voilà, fallait que l’idée fasse son bout de chemin. YouTube ne quittera pas mon cœur définitivement (rien que ça). Des documentaires gratuits et à foison continueront d’alimenter mes pauses repas, mais voilà que les bouquins viendront prendre part à mes soirées canapé-plaid. Alors voilà, mon titre est un peu tape-à-l’œil, et je ne compte pas arrêter complètement YouTube et les réseaux. L’abus est ce qui pousse un outil à devenir fardeau.
Je ne fais pas la guerre au numérique, je reprends le droit de propriété sur mon cerveau.
Dans le même genre, retrouvez mon article sur Instagram ici.