Dans la première partie, nous avons défini ce qu’est la faible estime de soi. Aujourd’hui, nous allons tenter de comprendre comme elle se développe, notamment par les schémas et les règles de vie que l’on met en place, de part les conclusions que nous avons fait de nos propres expériences passées.
Dans son livre ‘Surmonter la faible estime de soi‘, Melanie Fennel nous retranscrit ce qu’est l’estime. Le but n’étant pas de faire de la copie pure et dure du livre, je vous invite fortement à le lire pour rentrer plus en détail dans chacun des points que j’aborderai ici. Je me contente juste de vous retranscrire les grandes lignes.
Pour comprendre cette série, lisez les parties précédentes avant de lire celle-ci !
Vous êtes ici : 2ème partie : Le développement
Dans cette partie nous verrons :
- Les expériences
- Les schémas
- Les règles de vie
- Les biais de pensée
La faible estime de soi prend sa source dans nos croyances négatives envers nous-même, croyance que nous considérons comme des faits, alors qu’il s’agit probablement plus d’opinions que nous avons construit sur nous-même. ‘Je suis comme ceci’ (il s’agit souvent d’une opinion plutôt que d’un fait).
1. LES EXPÉRIENCES
Les croyances sur nous-même sont apprises et trouvent leurs racines dans l’expérience. Ces croyances tiennent lieu de conclusions, que nous fondons sur la base de ce qui nous est arrivé. Cela peut être une expérience récente (au travail, dans nos relations, un stress persistant ou un traumatisme), mais également une expérience passée telle que :
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- Les punitions, les négligences, les abus, la maltraitance, l’abandon.
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- L’absence de norme parentales : punitions moins extrêmes, critiques, moqueries, focalisation sur vos faiblesses ou vos erreurs, …
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- Défaut de conformité : ne pas être dans les ‘normes’ d’un groupe, ne pas être conforme à ce qu’on attend de vous (physiquement, intellectuellement, socialement…).
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- Être la cible du stress d’autres personnes.
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- Votre place dans la société : faire partie d’une minorité méprisée.
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- L’absence de bonnes choses dans votre quotidien (intérêt, valeur, encouragements, chaleur humaine, etc …).
- Être le ‘bizarre’ de la famille ou ‘l’intrus’ à l’école.
2. LE SCHÉMA
Par nos expériences passées ou récentes, nous établissons un schéma. On peut facilement le résumer en une phrase, commençant par ‘Je suis …’ . Exemple : je suis bon(ne) à rien, je ne suis pas assez intelligent(e), etc… Ici on évalue notre valeur basée sur l’expérience que l’on a vécu. Cela nous paraît logique, compte tenu de nos expériences. Pourtant, si vous étiez une personne extérieure à vous-même, cela vous semblerait totalement disproportionné. Iriez-vous dire à une personne victime de maltraitance que cela est normal, c’est qu’elle ne doit pas valoir grand chose ? Ou à une personne ayant raté un examen qu’elle est complètement stupide ? Non, cela vous paraît irréel de dire une chose pareil. Et pourtant, nous nous permettons de tenir ce genre de discours à nous-même.
3. LES RÈGLES DE VIE
Compte tenu du schéma que l’on s’est créé, vous avez établi des règles de vie, conscientes ou inconscientes, pour vous aider à fonctionner dans votre vie quotidienne, et en adéquation avec votre schéma.
Par exemple : Camille a toujours été tenu à l’écart pendant son enfance, parce qu’elle n’avait pas les derniers vêtements à la mode dans la cours de récré, et qu’elle s’était ainsi devenue la cible de moqueries d’un groupe d’enfants de son âge. Une nouvelle camarade de classe, Chloé, arrive dans l’école et fait le premier pas vers Camille. Rapidement, elles deviennent amies de jeu. Mais le groupe d’enfants se met à se moquer de Chloé, et à lui dire de ne pas jouer avec elle. Soucieuse d’être acceptée dans sa nouvelle école, Chloé suit les directives du groupe et cesse de jouer avec Camille, du jour au lendemain. À son jeune âge, Camille ne comprenait pas que les enfants puissent être cruels entre eux, et elle grandit persuadée que quelque chose n’allait pas avec elle, qu’il y avait bien une raison valable d’être rejetée ainsi par les autres. Avec le temps et les années, Camille socialise mais refuse de se lancer dans de grandes relations, amicales ou affectives. Elle reste en contact avec quelques personnes mais s’éloigne directement dès que la proximité s’installe. Elle ne veut pas être approchée de manière durable, de peur qu’on l’a rejette de nouveau si elle baissait sa garde.
Dans le cas de Camille, son schéma serait quelque chose comme ‘je ne vaux rien’, et sa règle de vie serait ‘Si je laisse quelqu’un près de moi, il va tôt ou tard me rejeter ou me laisser tomber. Je ne dois pas me laisser approcher de trop près’. Camille peut être toute aussi consciente de suivre cette règle, mais il est également possible qu’elle l’applique de manière totalement inconsciente. On peut aussi noter que l’expérience peut être quelque chose de grave, ou de moins grave. Les répercussions n’en sont pas atténuées pour autant.
4. LES BIAIS DE PENSÉES
La faible estime de soi peut être entretenue par deux biais de pensées :
- La perception biaisée : la manière dont vous vous percevez. Dans ce cas, vous êtes focalisés sur ce que vous faites de mal. Vos défauts et vos faiblesses vous sautent au visage, et il est ainsi difficile pour vous de distinguer vos atouts et vos compétences.
- L’interprétation biaisée : fausse interprétation sur ce que vous faites. Votre pensée tend naturellement à l’auto-critique plutôt qu’à l’encouragement ou la reconnaissance dans ce que vous faites. Il vous est également difficile d’accepter un compliment tel quel, sans avoir une arrière pensée. Lorsque vous faites quelque chose de bien, vous avez tendance à penser que c’est de la chance, ou que c’est grâce à un élément extérieur, plutôt que de voir votre implication dans cette réussite.
Avez-vous pu comprendre comment l’estime de soi se développe ? Avez-vous une idée de quel serait un de vos schémas personnels?
Nous avons pu définir et comprendre le développement de la faible estime de soi. Dans la troisième partie, nous verrons ce qui la maintient, avant de nous attaquer dans des parties ultérieures à comment la surmonter.