Vous êtes bien naïf si vous croyez dur comme fer aux yogis ultra zen, toujours motivés, exaltant de bonheur à l’idée de monter sur leur tapis. Cette chronique je l’ai créée spécialement pour tous ces yogis frustrés et épris de culpabilité. Rassurez-vous, ne pas vouloir dérouler son tapis n’est pas une tare. Bienvenue dans la réalité : nous sommes tous des êtres humains.
Il y a des jours, voir des semaines, où je me trouve au creux de la vague. Je déroule mon tapis et puis … rien. C’est comme un blocage intérieur. Rien ne se passe, à mon grand dépit. Mon fond intérieur me dit ‘quelle paresseuse !‘ et je laisse tomber. Je garde l’espoir que demain, peut-être, je serais plus disposée.
C’est à ne rien y comprendre n’est-ce pas ? Pourtant le yoga me fait du bien. Pourtant cette sensation en fin de séance est un incroyable bonheur et se mérite. Pourtant j’aime ça, faire du yoga, non ?
La culpabilité me prend et, plus les jours passent, plus je me tape dessus. Je regarde ma ligne. Je me dis que mes muscles s’affaiblissent au fur et à mesure. Une vraie pensée destructrice s’installe devant une activité qui est censée m’apaiser.
Je pense clairement ne pas être la seule dans ce cas. Y-a t-il des jours où, vous aussi, vous vous êtes mis à traîner des pieds ? Pourtant vous adorez le faire mais, l’effort juste, vous bloque totalement ? Est-ce de la paresse déguisée derrière des excuses ? Peut-être un peu oui. La vérité est qu’on ne peut faire indéfiniment ce pourquoi on ne prend plus de plaisir.
Alors je me suis posée et je me suis demandée ‘pourquoi je ne veux plus monter sur mon tapis ? Quelles est ma vision du yoga ?‘. Et j’ai laissé les réponses venir. La notion d’effort est apparue. Mais surtout : la notion de résultat. Inconsciemment, je place dans le yoga des espoirs de performance physique. Et, au final, je me décourage avant même d’avoir déroulé le tapis.
J’ai toujours vu le yoga comme un cocon de bien-être. Une sorte de drogue douce, légale et naturelle. À la fin d’une séance, votre corps picote de plaisir, votre mental est silencieux, et votre âme semble vous dire merci. L’erreur arrive quand je commence à voir le yoga comme un moyen de me remettre en forme. Une approche très occidentale. Des styles de yoga ont d’ailleurs été développés uniquement autour de la performance physique, occultant toute spiritualité, et cela convient parfaitement à certaines personnes. Mais pas à moi.
Je crois qu’une autre de mes erreurs est de faire un yoga qui ne me ressemble pas. Bien-sûr, le ashtanga et le vinyasa, qui sont des styles de yoga dynamiques, sont très efficaces pour maintenir un corps sain et fort. Et honnêtement, c’est une forme d’exercice physique qui me semble idéale et moins violente pour le corps que de longues courses à pied. Mais mon esprit a totalement mixé exercice physique et yoga. Si bien qu’au final, je n’ai plus écouté ce qui me convenait, à moi.
Le yoga regorge d’une multitude de styles différents, et c’est bien là une richesse. Ainsi, chacun peut piocher selon ce qui lui fait du bien, selon ce qu’il recherche dans la pratique. Et je crois avoir oublié cela.
Le yoga dynamique n’est pas pour moi. Il fait du bien de temps en temps. Mais je ne veux pas que ce soit là ma pratique principale du yoga. J’aime la reconnexion avec le corps par : les étirements. Quel bonheur, quel plaisir de s’étirer en long, en large, et en travers. D’étendre ses membres, de les laisser couler au sol dans le relâchement le plus total. C’est un vrai bonheur de dire bonjour à chacune de mes articulations. Attention, je ne dis pas que des formes de yoga plus dynamiques, incluant le travail musculaire, ne sont pas intéressantes. Au contraire, s’il y a bien une activité qui puisse travailler les muscles en profondeur tout en alliant plaisir, pour moi, c’est le yoga. Mais dans mon cas, dès que la question de modelage physique rentre en compte, je n’arrive plus à pratiquer en paix, mais dans le soucis de contentement, le soucis d’être performante, sinon rien. Et j’ai pleinement conscience que cela est dû à mon passé et au rapport difficile que j’ai pu avoir avec mon corps.
Alors je cesse de me battre et je pratique du yoga doux. Du yoga qui me ressemble. Moins de performance, moins d’attente. Juste ce qui me fait envie sur le moment. Mais à cela, j’ai quand même peur de tomber dans le piège de la zone de confort. De ne jamais me pousser au-delà de mes limites et de me contenter de ce qui ne me met pas à l’épreuve. La pratique du yoga relève bon nombre de questions. C’est, en soi, un vrai travail de développement personnel.
Et vous, avez-vous des difficultés, parfois, à monter sur votre tapis ? Avez-vous eu des moments creux dans votre pratique ? Quel est votre rapport au yoga ? Avez-vous un style de prédilection ?
Votre partage est le bienvenu !
Edit de cet article : Suite à la rédaction de cet article, j’ai beaucoup réfléchi sur mon rapport avec le yoga. Pourquoi pratiquais-je au juste ? Qu’est ce qui me donnait envie de l’enseigner ? Et j’ai enfin trouvé mes réponses :
Ce qui m’intéresse dans le yoga, ce n’est pas de faire la posture du Scorpion ou 120 respirations Kapalabathi à la suite. Ce qui m’intéresse vraiment : c’est sa souplesse (et non je ne parle pas de stretching). L’adaptation à chacun. Et en y réfléchissant un peu plus, c’était bien ça qui m’avait attirée dans le yoga : ne pas traumatiser mes muscles dans des sports où l’on finit pas ne plus écouter ses limites, aller à son rythme, se reconnecter avec son corps, et la possibilité infinie d’adapter la pratique selon ses propres capacités. Voilà ce qui me fait vibrer dans le yoga ! Sans oublier que le plan énergétique me passionne depuis toujours, j’adore créer des méditations guidées adaptées à chacun avec des pierres, des encens, … En somme : faire du sur-mesure ! Et c’est ainsi qu’est née ma toute nouvelle ambition : être Yoga-Thérapeute. Parce que j’aimerais montrer à tous ceux qui disent ‘le yoga c’est pas pour moi’ tout ce qu’on peut faire avec une chaise ! Parce que j’aimerais suivre les femmes dans toute la magie et la complexité de leur cycle féminin. Parce que j’aimerais soulager, aider, épauler, ceux qui souhaitent renouer avec ce corps affaibli, ou qui ne demande qu’à être écouté. Bref. Je crois avoir trouvé ma voie, pour de bon.