Le détachement. Une notion qui m’est apparue alors que je méditais pour la première fois depuis deux semaines. En rentrant chez moi après près de trois ans, j’ai du faire face à des défis mettant à rude épreuve mes ressentis. Pour y faire face, je me suis totalement coupée de mon corps et de ses besoins. Une erreur car cela n’a fait qu’amener frustration et pression.
1 – Sortir du cadre
Depuis le 1er avril, je n’ai officiellement plus de chez moi. Un choix qui a été mien car je dois pas mal bouger ces prochains mois, mais qui relève d’un véritable défi pour moi. J’ai énormément besoin de mes repères, et notamment de mes petites habitudes, d’un cocon où me retrouver seule dès que j’en ressens le besoin. Le fait de vivre entourée H24 est quelque chose qui m’est très éprouvant. Et celui d’être entourée de personne ne comprenant pas ce besoin l’est encore plus.
Cela m’amène à me couper totalement de mon corps, pour faire taire les frustrations qui s’accumulent. Nourriture à outrance, manque d’activité physique, fuir mes ressentis, ignorer mes besoin, tous sont autant d’outils à ma disposition pour éteindre mon corps. Dépendre des habitudes et des choix des autres m’est très pénible, d’autant plus que cela rentre dans le cadre de la bienséance familiale et, bien qu’innocente, faire quelque chose parce que je le dois, je n’ai pas le choix, etc … est pour moi une frustration immense. Dois-je prendre l’expérience comme l’occasion ultime du besoin de m’affirmer dans mon rapport aux autres ? Les autres peuvent-ils comprendre mon besoin vital de vivre selon mes ressentis et non selon les conventions sociales?
Détachement
La vraie expérience ici, c’est de me confronter à ce que je fuis allègrement quand j’en ai la possibilité (donc un chez moi pour m’enfermer à double tour). La vraie expérience, c’est de trouver l’équilibre entre vivre avec les autres tout en ne mettant pas mes besoins et ressentis au placard. Ici je me détache de la situation et de la peur d’être envahie, car en exprimant aux autres mes limites, je peux voguer libre et sans crainte.
2 – La responsabilité
Autre point apparu lors de mon séjour, autre frustration à travailler. La responsabilité de planifier les journées. S’il y a bien une chose qui me retourne l’estomac, c’est que la journée d’autrui dépende de moi. Je hais planifier pour les autres, que soit sur mes épaules la responsabilité des jours à venir. C’est juste plus fort que moi, je ne peux pas supporter qu’on se retourne vers moi et qu’on attende de moi de faire un choix impactant les autres. J’ai à ce titre, à petite échelle, ce que mon copain amusé appelle l’anxiété de commander : c’est elle qui me pousse à commander un sandwich alors que j’étais venue dans l’idée d’acheter une viennoiserie à la boulangerie, quand la pression d’autres personnes dans la fil est si forte (du moins dans mon ressenti personnel) que je me retrouve à acheter le premier truc devant mes yeux. Cette pression invisible et peut-être même imaginaire me fait complètement vriller.
Détachement
Ici je me détache de l’attente des autres. Je me détache également des prévisions anxieuses et souvent infondées qui prennent mon mental et me fait interpréter les pensées d’autrui. Je n’attends rien de moi, ni des autres. Je fais confiance et porte haut et fort mes choix, et les hisse au même niveau que les choix des personnes autour de moi.
3 – L’obligation de faire
L’obligation de faire n’est pas sans rappeler le ‘Fais un effort !‘, de mon articles sur les Drivers. C’est assez lambda, et beaucoup de gens font tous les jours des choses qu’ils n’ont pas envie de faire. Mais dans mon cas, cette nécessité (de voir mon père par exemple) alors que je n’en ai pas envie, c’est littéralement éprouver mes forces. Aller à l’encontre de ce qu’intérieurement je refuse m’est totalement frustrant. Là encore, l’endormissement du corps est le seul moyen que je puisse trouver pour me dégager de cette situation. Ainsi je vis prise entre les obligations envers les uns et les autres, quand bien même je ne les cautionne pas.
Détachement
Ici est certainement l’expérience qui me demande le plus de détachement. Détachement envers ses choses pour lesquelles je ne peux rien et pour lesquelles il est inutile de se battre. Détachement de ce stress qui n’est qu’un état amené à changer, qui n’est qu’une vibration de mon corps, elle aussi soumise au changement. Détachement donc face à cet expérience de vie, nécessaire à mon âme.
4 – L’impossibilité de pratiquer
Forcément ce mode corps endormi, ajouté au fait de ne pas avoir de coin pour ma pratique, a été tout sauf bénéfique à ma pratique du yoga. Je me suis retrouvée à haïr mon manque incroyable de motivation, talent, coordination, ma perte en force et en souplesse, bref …. Un vrai tourbillon de négativité. Mon incapacité à écrire (et donc à éliminer mes tensions) sans le calme de mon cocon a achevé cet état déjà bien fragile.
Détachement
Par rapport à mon corps, qui n’est qu’un véhicule. Détachement de cette pression constante que je m’impose. Pour autant, et même si je ne suis pas ce corps, je comprends qu’il est mon allié dans cette vie, et à besoin d’attention et de soin pour vivre en harmonie avec mon âme.
Les chroniques sont des articles plus personnels où je vous partage mes réflexions. Aujourd’hui m’est venue la notion de détachement, et sa nécessité au quotidien. Avez-vous, vous aussi, des expériences similaires ? Essayez-vous de vous détacher des événements de votre vie pour mieux les vivre et, même si cela paraît paradoxale, les vivre avec encore plus de conscience ? Dites-le moi dans les commentaires !