Comment avons-nous appris à nous auto-domestiquer ? Pourquoi poursuivons-nous un rêve qui n’est pas le nôtre ? Pourquoi ce sentiment de ne pas être soi ? De n’être qu’une projection d’un schéma pré-établi ? Quelles en sont les conséquences ? Et surtout, comment y remédier ?
Cet article est le premier de toute une série s’appuyant sur les écrits des 4 accords Toltèques. Rédigés par le chaman mexicain Don Miguel Ruiz, il s’agit de 4 agréments pour vous permettre de mieux vivre avec vous-même et les autres. Je vous en conseille vivement la lecture, courte et accessible à tous, tant le message est universel.
Série découpée en six articles
Introduction – Le rêve des humains et l’auto-domestication.
Prélude à un nouveau rêve – Briser les anciens accords et en créer de nouveaux.
- 1er accord – Que votre parole soit impeccable.
- 2ème accord – Quoi qu’il arrive, N’en faites pas une affaire personnelle.
- 3ème accord – Ne faites pas de suppositions.
- 4ème accord – Faites toujours de votre mieux.
Je vous présente ici un condensé du livre car il m’a semblé intéressant de le partager avec vous. L’article se base sur les écrits choisis, réécrits ou parfois retranscrits mot à mot, agrémenter de mes commentaires personnels.
Le Rêve des humains
Nous avons tous été élevé selon un rêve commun, un rêve créé par les humains, le rêve de la société. Nous agissons tous en rapport avec la société, que l’on soit pour ou contre ses règles. Un nourrisson naquit pure avec les capacités innées d’apprendre et de rêver, ainsi qu’une capacité déterminante : la capacité de l’attention. D’être sélectif devant un flot de données et de se concentrer exclusivement sur ce qu’il veut ou ce que l’on veut lui faire percevoir. En somme, de parfaites conditions pour perpétuer le rêve des humains.
Ce qu’on appelle le rêve des humains c’est toutes les règles de la société, ses croyances, ses lois, ses religions, ses cultures, ses modes de vie, ses gouvernements, ses écoles, ses événements sociaux, etc… Ce rêve est perpétré par nos parents, les écoles, la religion, notre entourage ; et ce dans le but de nous apprendre comment rêver.
Depuis petit nous avons pu capter des millions de choses spontanément. Cependant, en utilisant notre capacité d’attention, et en nous introduisant des informations à répétition, notre entourage et la société ont pu placer au premier plan de notre conscience une réalité unique. Notre attention n’a cessé d’être captée. Par nos parents à la maison, nos professeurs à l’école, etc… Tous perpétuent tels des pantins le rêve des humains acquit de leurs parents, leurs professeurs, leurs entourages…
Cette réalité unique a si bien été inculquée dans nos jeunes esprits qu’elle régit ce que l’on croit, ce que l’on ne croit pas, ce qui est bon, ce qui est mauvais, ce qui est acceptable, ce qui ne l’est pas. Nous nous comportons en société grâce à toutes ces règles, ces connaissances et ces concepts pré-écrits. Cela génère néanmoins plusieurs conséquences:
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- Ces ‘vérités’ sont si profondément ancrées dans nos têtes que le moindre de nos choix dit personnels est en réalité soumis à une multitude de croyances acquises.
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- Notre attention ayant été captée à l’excès, ils nous est de moins en moins possible de construire nos propres croyances ou nos propres concepts.
- De part cette attention trop sollicitée, nous avons nous-même apprit à capter l’attention des autres mais surtout à la vouloir ! L’enfant cherchera l’attention de ses parents, de ses professeurs, de ses amis… De la même façon qu’il cherchera plus tard à l’âge adulte, et de plus en plus, cette fameuse attention. Des peurs se créées alors : peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être aimé…
Nous n’avons donc jamais eu l’occasion de choisir ce que nous croyons ou non. Cependant nous avons inconsciemment donné notre accord à l’information qui nous a été transmise. Nous ne pouvons pas croire en quelque chose si nous ne sommes pas d’accord avec son existence. Si quelqu’un vous traite d’idiot et que vous êtes d’accord, vous commencez vraiment à croire au fait que vous êtes un idiot. Vous avez donné votre accord à cette croyance. La seule façon de conserver de l’information, c’est d’être en accord avec elle. Du moment que nous sommes d’accord, nous croyons. C’est ce qu’on appelle la foi (croire sans condition). Retenez bien ceci, c’est très important pour la suite. C’est ainsi que si vous croyez très fort en votre malheur, il y a de grande chance pour qu’ils n’y aient que des malheurs sur votre route.
Nous croyons enfant ce que les adultes nous disent. Nous sommes d’accord avec eux, et notre foi est si forte que notre système de croyance contrôle et régule notre vie. Nous n’avons pas choisi ces croyances et nous pouvons nous en rebeller. Nous avons déjà tentés de nous en rebeller. Les enfants en bas âge essayent constamment de trouver les limites, de revendiquer ce qu’on leur impose. Leur naturel cherche à prendre le dessus. Les croyances des adultes n’ont que peu de d’intérêt pour eux. Ils se heurtent pourtant à des non, à des brimades, des incompréhensions et des punitions.
L’auto-domestication
Nous venons de décrire le processus de domestication des humains. On éduque les enfants comme on le fait avec des animaux : avec un système de punitions et de récompenses. Nous sommes valorisés si nous nous sommes bien comportés, ou au contraire punis si nous ne faisions pas ce que l’on attendait de nous. Au final nous avons commencé à avoir peur soit d’être puni, soit de ne plus recevoir de récompenses. Nous avons donc ainsi continués à faire ce que les autres attendaient de nous. Nous nous efforcions de faire plaisir jusqu’à prétendre être ce que nous n’étions pas. Par peur du rejet, par peur de ne pas être à la hauteur. Au bout du compte, nous voici devenus les copies des croyances de nos parents, de la société ou de la religion.
Toutes nos tendances naturelles ce sont envolées par ce processus de domestication, à tel point qu’avec le temps, nous n’avons plus besoin de personne pour nous domestiquer. Nous nous domestiquons nous-même, suivant le même modèle de croyances que l’on nous a inculqué, selon le même système de punition et de récompense. Ce système de croyance est comme un Livre des lois qui dirige notre esprit. Tous nos jugements se fondent sur lui et ce, même s’ils vont à l’encontre de notre vraie nature. Nous avons tous ce Juge intérieur, là pour juger ce que nous faisons, ce que nous pensons ou ce que nous ressentons. Notre propre tyran qui nous puni si l’on agit de manière contraire au Livre des lois de nos croyances. Cela tous les jours, plusieurs fois par jour, durant des années.
Une autre part de notre esprit reçoit ces jugements : la Victime. Elle subit les réprimandes, la honte et la culpabilité. C’est cette petite voix qui clame Je ne suis pas assez bon, Je ne mérite pas ça, Je n’y arriverai jamais, Pauvre de moi …. Votre Juge intérieur est d’accord avec cela. On en arrive à une auto-flagellation. Le tout découle de votre système de croyance initiale, de votre Livre des lois. Alors pourquoi ne pas réécrire ce Livre des lois dites-vous ? Pourquoi ne pas rédiger de nouvelles lois, de nouveaux accords ?
Avec beaucoup de détermination, il est possible de réécrire ces lois, ses propres accords passés avec nous-même. Cependant et même lorsque vous tentez de prendre de nouvelles décisions, de suivre des nouveaux concepts, vous vous rendez vite compte que ce Livre des lois vous contrôle toujours en arrière plan. Il est très dur d’aller à son encontre. Si vous décidez de vous éloigner de ce système de croyance, la peur se met en place, car tout ce qui remet en question vos croyances provoque un fort sentiment d’insécurité. Même si le Livre de Lois est faux, il donne un sentiment de sécurité, une ligne de conduite à tenir, des croyances auxquelles ont vous a rattaché depuis l’enfance. Il faut donc beaucoup de courage pour remettre en question ses propres croyances. Chaque enfreinte aux règles nous fait produire du poison émotionnel : on subit la critique, la culpabilité et la honte, même de notre propre part.
Tout comme le gouvernement possède un livre de lois qui contrôle le rêve de la société, notre système de croyances est le Livre de lois qui dirige notre rêve personnel. Des lois qui existent dans nos têtes, auxquelles nous croyons, que notre Juge Intérieur appuie et que notre Victime intérieure subit. Il n’y a aucune justice. Nous sommes impitoyables : nous payons des milliers de fois pour une seule erreur. Dès lors que nous commettons une erreur et nous nous jugeons coupable, nous nous punissons et ce, à chaque fois que nous y repensons : nous nous jugeons à nouveau encore et encore. Augmentant la culpabilité, rendant notre Victime intérieure encore plus coupable. Est-ce juste ? Et sur la même logique, combien de fois faisons t-on payer une erreur à nos proches ? Chaque fois que nous nous en souvenons, nous les jugeons à nouveau. Nous leur transmettons tout le poison émotionnel que nous fait ressentir cette injustice. Nous les faisons payer encore et encore pour la même erreur.
Le Juge a tort car le Livre des lois est faux. 95% des croyances gravées dans nos mémoires sont des mensonges ; et nous souffrons de croire à ces mensonges. Nous avons confiance en nos croyances et celles-ci nous condamnent à souffrir. Nous vivons dans un état de peur permanente : peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas être accepté, peur du futur, peur des regrets, peur de s’affirmer, peur de faire mal les choses, peur d’être puni, peur d’être jugé… Tout notre système de croyance est, comme notre société, régit par la peur, c’est pourquoi tout ce petit monde peut tenir en place, limité dans leurs rêves. Nous avons appris à vivre en nous efforçant de satisfaire autrui, à s’adapter à leur point de vue. La mort n’est pas la plus grande peur des humains, c’est la vie qui l’est : exprimer ce que l’on est au dépit de tout et de tous est la peur dominante de nos vies.
Au cours de notre processus de domestication, nous avons élaborer une image de ce qu’est la perfection et nous voulons nous y tenir, même dans l’impossible. On créé une image de ce que l’on devrait être et on se rattache à cette image du parfait, à laquelle il est impossible de se conformer. N’étant pas parfaits, nous nous rejetons. Car une fois notre processus de domestication achevé, il ne s’agit même plus d’être parfait pour les autres, mais d’être parfait pour soi. Tout dépend du niveau d’intégrité que l’on a su garder avec le temps. Désormais nous ne sommes pas comme il faut pour nous-même, nous sommes incapables de nous pardonner de ne pas être tels que nous le souhaitons, ou plutôt tels que nous croyons devoir être. Nous nous sentons donc frustrés et faux. Nous essayons de nous dissimuler et prétendons être ce que nous ne sommes pas. Nous manquons d’authenticité ou nous portons des masques sociaux, afin d’éviter que les autres ne le remarquent.
Naturellement et encore selon la même logique, nous jugeons les autres d’après notre propre idée de la perfection. Bien entendu, ces derniers semblent toujours décevoir nos attentes. Les humains se punissent ainsi indéfiniment. Ils se punissent tout seul ou se punissent entre eux. Mais personne ne nous maltraite plus que nous-même. La manière dont nous nous jugeons nous-même est la plus sévère qui soit. Lorsque l’on commet une erreur devant autrui, nous tentons de nous cacher ou de nier. Mais dès qu’on se retrouve seul, le Juge devient si puissant, la culpabilité si forte, que l’on se sent stupide, mauvais ou dénué de valeur. Personne ne vous a jamais davantage maltraité que vous-même ; les limites que vous mettez aux mauvais traitements envers vous-même sont exactement celles que vous tolérerez de la part d’autrui. Si quelqu’un vous maltraite plus que vous-même, sans doute le fuirez-vous. Mais s’il le fait un peu moins que vous-même, vous continuerez probablement cette relation et tolérerez cette situation indéfiniment. Cette logique s’applique dans le cas extrême où quelqu’un vous bat par exemple. Votre intégrité est nulle. Votre système de croyance vous fait dire Je le mérite. Cette personne me fait une faveur d’être avec moi. Je ne suis pas digne d’amour et de respect. Je ne suis pas assez bien. Que deviendrais-je sans cette personne ?
Nous avons besoin d’être accepté et aimé par autrui, alors que l’on est incapable de s’accepter et de s’aimer soi-même. Plus on a d’amour propre, moins on se maltraite. Se maltraiter provient d’un rejet de soi, résultant de cette image de la perfection à laquelle nous essayons en vain de se conformer.
Malgré ce schéma peut agréable, il est néanmoins loin d’être fataliste ! Il est important de l’avoir décrit ci-dessus pour en comprendre son fonctionnement. Il est possible de réécrire votre système de croyances, de créer de nouveaux accords avec vous-même, afin de cesser cette auto-domestication, cette auto-flagellation permanente. Ici s’achève l’introduction de cette série d’articles sur les Accords Toltèques, permettant de poser les bases pour appréhender la suite.
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N’hésitez pas à vous abonner pour être au courant de la sortie des prochains articles de cette série ! Je serai aussi heureuse de répondre à vos questions ou d’avoir votre retour sur ce sujet. Quelles sont vos opinions à ce propos ? Est ce que cela vous parle ? Merci de m’avoir lue !
Nota Bene
Selon les écrits Toltèques, tout est une seule et même lumière. Comme un seul et unique être vivant. Dans Le Cycle de l’Âme, Joseph Rulof parle d‘une énergie cosmique régissant l’univers. Le Brahman de la philosophie hindoue décrit également comme une seule substance vibratoire, manifestation de l’Etre, seule Réalité absolue. Il est intéressant de noter la corrélation qu’ont différentes ethnies et époques sur un seul et même concept : lumière, substance vibratoire, énergie cosmique ou Dieu, qu’importe le terme choisit ; en partant du principe que tout est lumière, y compris nous êtres humains, nous sommes tous Dieu car tous des images de lumière. Nous sommes tous des Dieux qui s’ignorent, des apprentis, dans nos vies terrestres pour expérimenter, afin d’atteindre l’élévation, la vérité absolue, la pleine conscience.
Ici comprenez bien encore une fois que l’on englobe aucune sorte de religions. J’insiste encore une fois sur ce point car il est essentiel à la compréhension. ‘Dieu’ ici n’est qu’un mot pour désigner une entité, une énergie unique qui régit l’univers.