Le Samadhi est l’état de pure conscience. C’est le but ultime des pratiquants du yoga. Il se définit comme un état de bonheur, d’unification avec le Tout, de silence mental. On existe dans notre totalité, dans quelque chose de beaucoup plus grand que le simple ‘Moi’ égotique. On existe comme faisant partit d’un Tout infiniment grand.
Comment atteindre le Samadhi selon les Yoga-Sutras?
On dit de ceux qui connaissent cet état, qu’ils sont libres des contraintes du corps physique, tout en étant incarnés.
Pour atteindre le Samadhi, il faut se détacher du mental. En ce sens, le yoga qui se définit comme ‘le moyen de calmer les fluctuations du mental’, semble un allié précieux. Et cet arrêt s’obtient par une pratique intense de lâcher prise. Le lâcher prise constitue un véritable effort énergétique, car le mental est fait, par définition, pour produire de la pensée. L’effort ici, comme le décrit Françoise Mazet dans sa traduction des sutras, n’est pas l’effort dans la pratique de postures compliquées, ou d’alignement parfait. Il s’agit d’un effort d’attention, nécessaire pour être dans l’instant présent, vigilant et disponible. Et le relâchement du corps dans un état de yoga permet également cet apaisement du mental.
C’est une véritable rééducation de l’esprit, qui demande du temps et de la persévérance. Et Patanjali insistera bien sur l’importance d’une régularité et d’une intensité de la pratique pour en récolter les fruits. Mais attention, il ne s’agit pas ici de dompter l’esprit. Il s’agit d’être dans un état de conscience dans les actes quotidiens. Dans le yoga, on essaye d’être en conscience dans les geste, dans la respiration, dans les sensations. C’est un exercice idéal pour continuer à porter cette conscience dans notre vie quotidienne.
Pour aller plus loin : Dans les Yoga Sutras, Patanjali décrit également les 8 segments du yoga, permettant d’atteindre le Samadhi, segments que je vous avais déjà détaillé ici. Dans le Gueranda samhita, vous trouverez entre autre inscrit en sept chapitres les sept façons de se perfectionner dans la voie du yoga, à savoir les shatkarmas pour la purifications, les asanas pour la force, les mudras pour la stabilité, le pratyahara pour la sérénité, le pranayama pour la légèreté, le dhyana pour la réalisation et le samadhi pour le bonheur.
Qu’est ce que le lâcher prise ?
Lâcher prise induit le non-attachement, qui libère du désir face au monde qui nous entoure, mais aussi en yoga, en acceptant nos contraintes et nos limites physiques, quand le mental essaye d’aller toujours plus loin.
Lâcher prise, c’est l’état sans désir, c’est l’humilité retrouvé. C’est l’antipode de l’égo. C’est ne pas se projeter vers les êtres et les choses de façon volontaire et possessive, mû par e désir de prendre, de s’approprier, de contrôler. Lâcher prise c’est accepter ce qui est, ce qui survient, d’accepter l’autre dans la différence, sans le vouloir pareil à soi, ou tel qu’on voudrait qu’il soit, aimer sans vouloir attacher, identifier, ou asservir.
La maladie, l’abattement, le doute, le déséquilibre mental, la paresse, l’intempérance, l’erreur de jugement, le fait de ne pas réaliser ce qu’on a projeté ou de changer trop souvent de projet, tels sont les obstacles qui dispersent la conscience. La souffrance, l’angoisse, la nervosité, une respiration accélérée sont autant de conséquences et signes d’une dispersion mentale. Pour les éliminer, il faut centrer sa pratique sur un seul principe à la fois.
Lâcher prise c’est accepter ce qui est. Quand on s’entête, le corps répond, il manifeste souffrance et maladie. C’est le signe que l’on ne donne pas une adhésion profonde de tout l’être, à cette acceptation.
Pour aller plus loin : J’ai consacré une méditation sur le lâcher prise que vous pourrez retrouver ici.
Source : L’enseignement du yoga, Mark Stephens, Les Yoga-Sutras de Patanjali