Spiritualité & Énergétique

Petite chronique pour gros ego

A l’heure du voyeurisme maladif, où l’on se délecte devant la vie pré-mâchées plastifiées d’acteurs bien rodés des télé-réalités ; où l’on semble connaître tout d’une personne en 5 secondes chrono au parcours de son profil, où l’autre n’a plus aucun secret et où la communication IRL a à présent sa propre nomination ; alors que ce monde tourne à une vitesse hallucinante et suivre les codes sociaux tient tout bonnement de votre survie, voilà que se dessine lentement la conséquence logique de cette hystérie et course aux faux-semblants.

La quête du ‘Aimez-moi !’

L’évolution de la société va de paire avec ce qu’elle reflète. On s’admire, oubliant que rien n’est permanent. On joue avec les uns, fanfaronne avec les autres. Mais rien de cette danse relève du vrai. On ne se connait pas, on aime l’image que l’autre nous renvoie. Physiquement ou psychiquement, l’autre comble le besoin de ce que l’on désire. La relation passe à la trappe, ne reste que les non-dits malsain dans le but de ‘garder’ l’autre comme notre trésor, bien caché sous scellé, attaché par nos chaînes invisibles. Ce qu’on appelle ‘amour’ se transforme en habitude, vaine apparence ou vide relationnel, au choix. En découle des gens malheureux, se retrouvant sur le carreau après des années qui leur semblent être perdues. D’autres auront un mal fou à connaître l’intensité de l’amour ; même si chacun l’assaisonne à sa manière, beaucoup l’aime impure. Parfois par volonté, souvent par ignorance.

J’ai testé Instagram

Que dire de l’apparence ? J’en publie des ‘selfies’, ce mot foutu à la mode pour s’approprier le simple concept d’auto-portrait. J’en publie il est vrai pour me rassurer, pour me conforter dans ce monde, me convaincre que j’y ai une petite place moi aussi (triste raisonnement me diriez-vous). Récemment je me suis inscrite sur cette étrange plateforme qu’est Instagram. Le monde de la beauté à 0% de MG. Je m’y suis inscrite au départ afin de suivre mes artistes préférés dans leurs tournées. Le concept des vidéos live m’a franchement séduite ; je peux à présent m’immerger dans la vie de ce que j’admire, vu de leurs propres yeux. Je me plais à voir BJ Armstrong me dire bonjour au p’tit dej ; j’ai l’impression d’être sa pote. Alors oui ça me plait, ça les rend plus accessibles et humains. Néanmoins Instagram m’a bien vite révélé son terrible visage, à savoir des ‘stories’ de nanas amoureuses d’elles-mêmes, faisant l’amour à la caméra, pas un mot, rien, juste un regard langoureux de quelques secondes en guise de ‘m’as-tu vu ?’. Honnêtement en voyant cela je désespère. On loue le faux et la mise en scène, on fout le naturel au placard. On rentre dans les codes ou on adule ceux qu’ils le font. Je me suis donc moi-même mis à tester ces codes : photo calibrée, choisie sur le volet, filtre à l’appuie et anglicismes obligatoires. Ça marche ! Ce serait donc ça le bonheur immédiat ? Quelques likes et des messages douteux d’inconnus au passage ? J’ai fait de mon profil une vraie vitrine au meilleur rendu de ‘Moi’ possible. Une vraie affiche publicitaire pour mon enveloppe corporelle. Résultats ? Je ne me reconnais pas en cette nana, mes cernes ont disparu et mes tâches de rousseurs avec. Je m’attache petit à petit à l’importance de la reconnaissance, me surprends à checker le fils d’actu sans même en avoir conscience, ainsi que littéralement déprimer après m’être passée en revue des profils PARFAITS. Réflexion faite, je n’ai pas vraiment envie de faire partie de ce bonheur acidulé fait de comparaison permanente.

Heureusement me direz-vous que la tendance va à la baisse, et que le monde commence timidement à ouvrir ces portes aux rondeurs, rides et vergetures. J’ai aussi été atterré par la maigreur maladive, saisissante mais assumée omniprésente sur la toile. ‘Aimez-moi !’ pour que je m’aime. Rendez riche ma misère narcissique. Sans likes et commentaires, c’est la crise de panique. Pourquoi est-il si important que nous soyons ‘validés’ par nos pairs? Ne peut-on pas se valider soi-même ? Avoir confiance en ce que l’on est, aimer ce que l’on devient, croire en ce que l’on veut être ? Peut-on seulement blâmer une génération qui a grandit au rythme des pubs femme-objet et du bonheur par crédit à la consommation ? Soyez riches, soyez heureux. Soyez beaux, soyez Dieu. Ce monde doit toucher les bas-fonds de l’absurde avant de connaître la rédemption. Amen.

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Ananas parfaitement Instagramable

Cela faisait bien longtemps que je cherchais une occasion de placer ce petit ananas

… c’est maintenant chose faite.

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