Spiritualité & Énergétique

Apprendre à faire cavalier seul

La majorité des couples ont un problème récurrent, à savoir qu’à trop se fondre dans la vie à deux, ils en oublient de manière totale ou partielle leurs objectifs personnels. Alors après de longues discussions et d’un commun accord, nous avons décidé de nous consacrer pleinement à nos vies individuelles avant de pouvoir prétendre à vivre ensemble. Beaucoup ont tendance à concilier projets personnels avec célibat. Pourtant il est absolument possible d’allier les deux, le tout étant d’être assez indépendant pour faire cavalier seul quelque temps.

Après ce fameux ‘quelque temps’, j’en vins à ce triste constat : je ne sais pas vivre pour moi-même. Soudain le commun accord s’est transformé en expédition punitive. Je me me sens comme subissant l’évidence qu’est le besoin de s’envoler chacun de notre côté. Une fois face aux différentes possibilités d’avenir et de choix s’offrant à moi, je n’arrive pas à me détacher d’un chemin tout tracé pour une vie à deux. Et croyez-moi, ne pas avoir de projet dans nos sociétés occidentales est un puissant sentiment de désemparement. Quant à l’absence de second plan, là c’est carrément la panique. Si en plus on doit apprendre à avancer seule alors qu’on a fait des autres notre pilier…tout est à revoir. On se sent incapable devant l’ampleur de la tâche.

verena-yunita-yapi-253388Pour ma part cela s’exprime en une confiance inexistante. Inutile, angoissée. Je me regarde avec pitié en prenant acte du si peu d’intérêt que je dégage pour ce monde. Oui oui, c’est à ce point. Quand votre monde tourne autour du ‘faire plaisir à l’autre’, devoir se retrouver seule avec soi-même c’est un peu l’amer retour à la réalité. Si bien que la pensée seule de devoir m’épanouir en tant qu’individu semble inenvisageable. Je me rends compte que je n’ai jamais appris à vivre pour moi. J’ai toujours une idée très précise de ce que veulent les autres, pour moi je sèche totalement. Je m’explique.

Depuis toujours j’essaye, comme tout le monde, d’harmoniser ma vie avec ce que les gens en attendent, et ce même si la majorité est bien d’accord d’avouer que ce n’est pas sain ; ceux clamant haut et fort se défaire de ce schéma ne sont en réalité qu’une poignée d’individus. On a tellement prit l’habitude et le confort de se référer aux avis et jugements de nos proches et de la société qu’il est rare à présent de faire un choix purement personnel. On a peur des jugements, de l’insécurité que cela procure de sortir du cadre, du stress intense posé sur nos épaules lorsque l’on tente de s’affirmer. Au final il est presque impossible de suivre sa route sans perdre des gens en chemin. Il est vrai que notre univers social est indispensable à notre bien-être ; cependant c’est ce même univers qui nous freine une fois le temps des décisions venu. Nous prendrons toujours en compte ceux qui en seront affectés (ce qui est naturel et nécessaire à la vie en communauté), mais aussi le risque potentiel de ne pas être soutenu, de se retrouver sans parachute et de tomber de haut. La prise de décision est donc un challenge énorme ; et c’est avec la peur au ventre qu’on se demande bien ce qu’on fout là.

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Je voudrais revenir sur la notion de couple. Faire sa vie chacun de son côté n’est pas franchement la définition type que s’en fait nos sociétés. Moi la première. Et pourtant j’essaye encore tous les jours de me rentrer dans le crâne que ce terme de couple est en soi très emprisonnant. L’idée d’appartenance y est trop présente. On en vient à exclure la possibilité d’aimer une personne sans la posséder. Une leçon que je dois apprendre sur le tas mais qui se révélera, après la tempête passée, tellement bénéfique. Il n’est pas vain de rappeler qu’aimer l’autre c’est lui laissé l’espace de pouvoir pleinement s’épanouir, sans vouloir s’accaparer une part du gâteau. En somme, être heureux de voir l’autre progresser avec mais aussi sans nous (voir mon article sur la dépendance). Plus évident à dire qu’à appliquer. Pourtant on devrait voir en l’autre un compagnon de vie plutôt que notre homme ou notre femme.

Alors voilà où j’en suis en ce moment. Essayer de comprendre que je suis seule décisionnaire de ma vie, ça me fout une de ces frousses. Etre soudainement seule face à son avenir, c’est tout sauf une habitude. Apprendre à se faire confiance et à prouver que oui, on peut le faire de notre propre chef. A trop s’appuyer sur l’autre pour avancer, on en oubli qu’on peut tenir debout de nous-même. 

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